Le site de l'IFMP déménage.
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Replacer l'homme au cœur de l'attention
Chronique d'un sauvetage industriel
"REPLACER L'HOMME AU CŒUR DE L'ATTENTION" vient compléter les ouvrages de référence recommandés par l'IFMP.
Morale, entreprises et "humanités"
André Comte-Sponville et Samuel Rouvillois y répondirent de la façon suivante :
Ne compter ni sur les systèmes ni sur les lois pour élever le degré de moralité dans les entreprises.
Si rien ne remplace l'action des personnes et leur engagement, il faut cependant observer que le cadre institutionnel proposé par les entreprises est loin d'être indifférent.
Une formation des dirigeants aux humanités serait utile, à la condition d'éviter cette autojustification tranquille qui permettrait d'être moral dans ses principes mais immoral dans ses façons de faire, parce qu'on serait immoral pour le bien des autres... Oui donc aux humanités, si elles favorisent la lucidité et le réalisme indispensables à cette marche vers un plus d'humanité, qui commence dans une remise en question née du rapport de proximité à autrui.
Cette problématique est au cœur du parcours de formation IFMP.
Scoop gouvernemental : la raison d'être des entreprises est bien de servir des clients...
99 fois sur 100, les réponses à cette question cruciale sont automatiques : " à faire du profit ! "
Sous entendu, à détourner le plus d'argent possible dans les poches de propriétaires cupides. Emettre le moindre doute sur cette vérité enseignée dans les écoles, intériorisée par nos responsables politiques de tous bords et ressassée avec complaisance par les media vous fait passer au mieux pour un rêveur naïf et au pire pour un imbécile.
Assurer que la raison d'être des entreprises est de servir des clients et que tous les moyens doivent être ordonnés dans cette perspective est pourtant ce que vient de reconnaître notre ministre du Redressement Productif, contraint et forcé par la réalité de faits têtus.
On ne saurait être plus clair. Ce sont les clients qui font vivre l'entreprise. Cette réalité tenace, rappelée dans la douleur par ce ministre, devrait être la base de toute politique économique de croissance. Sans clients bien servis dans la durée, pas d'emplois ni richesses à partager...
Les clients sont la clé du futur.
Le management "jardinier"
En France, une enquête réalisée avec l’Ifop, montrerait qu'à peine un peu plus d’un salarié sur 10 serait engagé !
Selon Isaac Getz, auteur de "Liberté & Cie", il faut se poser les bonnes questions. Pourquoi des employés choisis pour leurs excellentes qualités par des DRH au nez fin cessent de s'engager dans leur entreprise ?
L'une des causes principales est d'ordre environnemental :
de même qu'il ne servirait à rien de tirer sur une fleur fanée pour lui faire retrouver sa vigueur, de même il faudrait plutôt veiller à ce qu’elle ait l’eau et les minéraux dont elle a besoin pour se développer toute seule...
Ainsi les managers sont appelés à retrouver "un bon sens paysan" pour être les jardiniers d'une écosystème qui favorise la croissance et l’épanouissement de chaque salarié.
Investir dans l'entreprise, une sottise ?
Ainsi s’exprimait Georges Frêche, (ancien Maire de Montpellier et Président du Conseil Régional du Languedoc-Roussillon) qui ajoutait : « Et quand une entreprise vient me voir pour s’implanter, je lui déroule le tapis rouge »
La performance vient des opérateurs
L'histoire de FAVI est bien connue. A contre courant des modes managériales, cette entreprise de fonderie picarde a développé une culture originale féconde dans la durée. A la source du système de management mis en place par son patron emblématique, Jean François Zobrist, une réflexion profonde sur l'origine de la performance et une conviction forte :
"Pour être heureux, il faut être motivé. Pour être motivé, il faut être responsable. Pour être responsable, il faut savoir pour qui et pour quoi on fait les choses mais être libre du comment on le fait, tout en comptant sur une assistance quérable".(1)
Un film documentaire intitulé "Question de Confiance" a été réalisé sur cette entreprise remarquable par François Maillard. On peut se le procurer ici
On peut aussi en savoir plus en se rendant sur le site pédagogique de l'IFMP
(page Entreprise-Documentation)
(1) Fiches Management de FAVI
La fable de l'ébonite
Puis à la question : "De quelle manière expliquez-vous aux gens ce que vous attendez d'eux ?" il illustrait sa réponse de la façon suivante : (voir la video en cliquant sur le lien précédent)
Presque trente ans plus tard, sa vision de l'homme ancrée dans les faits n'a pas pris une ride....
Faire confiance aux entrepreneurs !
Le livre que vient de publier Xavier FONTANET fera date. "Et si on faisait confiance aux entrepreneurs" est le témoignage exceptionnel d'un patron à la passion communicative et d'une crédibilité indiscutable. Aux commandes du Groupe ESSILOR depuis 20 ans, il est l'artisan d'une réussite "totale" qui devrait donner matière à réfléchir à ceux qui "pensent" que l'économie de marché est une jungle où seule la loi violente du plus fort a droit de cité, où l'entreprise n'est qu'une machine à faire du profit qui démolit les personnes, où la mondialisation est une malédiction qu'il faudrait combattre etc.
L'histoire d'ESSILOR est un vrai cas d'école qui permet d'aborder concrètement des questions clé. Dans la durée, comment devenir et rester N°1 mondial des verres ophtalmiques, comment rester en croissance régulière d'environ 13% par an, comment augmenter la capitalisation boursière d'environ 15% par an tout en résistant aux excès de la financiarisation de l'économie, comment maintenir un climat de travail de confiance où les personnes sont responsabilisées et valorisées, comment donner du sens au travail et à la notion de communauté, comment associer capital et travail...
Parmi les points-clés les plus remarquables qui expliquent la réussite, peuvent être soulignés :
- la stabilité des dirigeants et la vision stratégique long terme, appuyées sur un fonds d'actionnariat salarié consistant et décisif
- le client comme raison d'être, le profit comme récompense du service rendu aux clients
- la proximité des dirigeants avec les équipes de terrain
- les valeurs de confiance, de langage de vérité, de méritocratie, de responsabilisation des personnes qui nourrissent en profondeur la culture d'entreprise et assurent sa fécondité (en voir également une illustration ici)
Manager, c'est simple comme un coup de fil...
Alors que l'entreprise France Telecom reste marquée par un profond malaise de ses salariés, médiatisé par plusieurs suicides, Stéphane Richard son nouveau patron a présenté en Juillet dernier son plan "Conquêtes 2015". Ce projet a pour ambition le passage de 200 à 300 millions de clients Orange d'ici 5 ans. Il s'articule autour de quatre grandes conquêtes.
La première d'entre elles devant être "la conquête, je devrais dire la reconquête, des hommes et des femmes d'Orange." A cet effet "Il faut que nous accordions une attention particulière à nos managers. Les managers sont la clé de tout. Il faut que ces managers soient responsabilisés et reconnus. Il faut leur donner davantage de moyens et de marge de manoeuvre."
Stéphane Richard le 1 juillet 2010
La mobilisation des managers doit s'appuyer sur une culture commune ancrée dans des principes communs.
Morceaux choisis :
"Cette ambition de remettre l'humain au coeur de notre démarche passe d'abord par une culture managériale commune.
Etre un manager, dans notre groupe, cela veut dire d'abord s'assurer que ses actions et celles de ses collaborateurs sont centrées sur la qualité du service rendu au client. C'est notre premier principe.
Deuxième principe, être manager, c'est contribuer au progrès de l'entreprise dans le cadre des axes stratégiques du groupe.
Troisième principe, et il est important, veiller à la qualité des relations humaines que le manager entretient avec ses collaborateurs et ses collègues. C'est une qualité d'écoute, c'est le respect, c'est la sensibilité.
Le quatrième de ces principes que nous attendrons de nos managers, c'est de favoriser la coopération et la solidarité au sein de leur équipe et aussi avec les autres équipes.
Cinquième de ces principes, nous attendons de nos managers qu'ils soient garants d'un traitement équitable des individus au sein de leur équipe. Ça aussi, c'est une demande sociale extrêmement forte. L'écoute, le respect, l'équité."
Puisse l'application de ces principes mettre un terme définitif aux comportements décrits dans cet article , pour autant qu'ils soient représentatifs de la réalité !
Associer morale et management, est-ce ridicule ?
La réponse a fusé : "non, je serais ridicule !" Et le patron d'embrayer sur une démonstration en deux points.
Premier point, les collaborateurs savent implicitement qu'il ne faut pas raconter d'histoires...car dans l'ADN de cette entreprise le "pipeautage" est une cause d'exclusion...
Deuxième point, il ne faut pas confondre morale et efficacité économique. Reprenant à son compte la démonstration d'André Comte Sponville dans "Le capitalisme est-il moral", il faut savoir distinguer les "ordres" sans confusion... Selon cette analyse, pour comprendre et fixer des limites à ce que nous faisons, il convient de distinguer quatre "ordres" :
1- L'ordre techno-scientifique qui rend compte de ce qui est possible ou impossible
2- L'ordre juridico-politique qui exprime ce qui est légal ou illégal
3- L'ordre de la morale, qui dit le bien et le mal, le devoir et l'interdit
4- L'ordre de l'éthique, qui concerne ce qui est fait par amour
Pour Comte Sponville, le ridicule c'est la confusion des ordres, le ridicule au pouvoir c'est la tyrannie. La tyrannie de l'ordre inférieur serait de la barbarie. La tyrannie de l'ordre supérieur serait de l'angélisme. Autant la distinction proposée apparaît intellectuellement intéressante, autant il serait irréaliste de vouloir l’appliquer au pied de la lettre. Parce que nous vivons dans les quatre ordres à la fois et que la question de leur convergence se pose constamment.
Dans l’entreprise, de quels ordres relève le fonctionnement de la collectivité de travail ? Si la morale n'y occupe pas une place unique, quelle est son importance ?
Selon Octave Gélinier " La morale est ce qui, dans un groupe humain, gouverne les moeurs, c’est-à-dire les comportements des personnes les unes à l’égard des autres. La morale est faite d’un ensemble de jugements de valeur et de règles de conduite qui se traduisent dans les consciences par la notion de devoir. Tous les groupes humains capables de survie sont régis par une morale, qui semble remplir deux fonctions vitales : modérer les conflits internes qui pourraient faire périr le groupe ; et protéger les intérêts à long terme du groupe contre les pulsions du court terme des individus. "... " La légitimité de l’entreprise ne peut être fondée de nos jours que sur l’établissement, avec ses divers partenaires, notamment salariés, d’une certaine convergence d’intérêts et d’objectifs, d’une vision partagée des buts et des moyens. En d’autres termes, d’une finalité acceptable et de règles utiles et justes pouvant recueillir une assez large adhésion. "
Dans cette perspective, associer morale et management n’apparaît pas ridicule mais indispensable.
Comte Sponville lui-même reconnaît que " s’il n’y a pas de morale de l’entreprise, il doit y avoir de la morale dans l’entreprise, par la médiation des seuls qui puissent être moraux, par la médiation des individus qui y travaillent, et spécialement qui la dirigent. "
Bien-être et efficacité au travail
Le management de proximité est un facteur incontournable
Quelles mesures proposer pour améliorer les conditions de santé psychologique au travail ? A cette demande du Premier Ministre, un groupe de « praticiens », composé de Henri LACHMANN, Christian LAROSE et Muriel PENICAUD, vient de répondre par la publication d'un rapport intitulé "Bien-être et efficacité du travail". Ce rapport est en tout point remarquable et devrait être une source d'inspiration pour l'ensemble des décideurs intéressés par cette question. Les auteurs ont travaillé de façon pragmatique, sur la base d'auditions de 62 personnes qualifiées, dirigeants d'entreprises du secteur privé, partenaires sociaux et instituts spécialisés.
Après avoir rappelé qu'« un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face », les auteurs précisent les enjeux de leur étude : " Parce que social, santé, organisation et management sont indissociables...Investir dans la santé au travail est d’abord une obligation sur le plan humain : de plus, ce n’est pas une charge, c’est un atout pour la performance" car " le sujet de la santé au travail réconcilie le social et l’économique " et le véritable défi à relever concerne " le bien-être des salariés et leur valorisation comme principale ressource de l’entreprise. "
Pour répondre aux 11 « familles » de facteurs de stress décrites en préambule, dix propositions sont avancées :
Chaque proposition est détaillée en lignes directrices dont chaque entreprise peut s'inspirer en tenant compte des particularités de son métier et de sa culture.
Nous aimerions souligner ici la cohérence des différentes propositions avancées pour reconnaître et renforcer le rôle des managers d'équipe. Toutes sont dignes d'intérêt. En voici quelques unes à titre d'exemple :
Compléter les critères d’attribution de la rémunération variable aux managers dirigeants : la performance économique ne peut être le seul critère d’attribution de la rémunération variable. La performance sociale doit aussi être prise en compte, incluant notamment des indicateurs de santé, de sécurité et de conditions de travail – par exemple le turn over, les accidents du travail, la satisfaction des salariés, la promotion interne ;
Définir le bon niveau et la bonne utilisation des procédures de reporting, pour éviter de déresponsabiliser les managers et de réduire excessivement le temps consacré au management des équipes
Réaffirmer les compétences de décision et pas seulement d’exécution du manager de proximité : le manager de proximité ne doit pas être simplement une courroie de transmission. Il doit disposer de marges d’adaptation et de décision pour optimiser l’efficacité et la cohésion de son équipe.
Systématiser les marges d’autonomie dans l’organisation, y compris dans l’application des process (notamment les ERP) et dans les métiers les plus répétitifs et contraints : à titre d’exemple, une répartition autonome des plages de travail au sein d’une équipe permet d’adapter au mieux la présence de chacun et de ne pas rajouter un facteur de stress par l’imposition d’horaires inadaptés aux contraintes personnelles (déplacements, conciliation avec la vie familiale, modes de garde)
Systématiser les possibilités de recours au supérieur hiérarchique de niveau n+2 et à un responsable de ressources humaines de proximité en cas de problème avec le supérieur hiérarchique immédiat afin d’agir contre le stress généré par des relations interpersonnelles difficiles.
Un impératif : former les managers...
"Il ne peut y avoir de santé au travail sans vrais managers. Il n’y a pas de substitut à un manager. Or les salariés promus managers ne sont souvent ni préparés ni formés à leurs responsabilités de leader d’équipe.
Nous ne saurions mieux dire...